POËMES EN LOQUES
1. Rivière de peau où il ne fait pas bon nager, fleuve varicovisqueux : La cause du rêve, un saut le franchissement d’un palier, le luxe. 2. La plénitude se fait attendre 3. Le chant n’a de voix que discrète lorsqu’au cœur du paysage court la fente minimale : Dit-on d’une cloche qu’elle sourit ? 4. Ma bouche forme un geai : l’ortie a poussé tout l’été derrière la maison, dans l’ombre, frappée maintenant des premières neiges. 5. Au bord d’une route ombrageuse je vous écris depuis ici 6. La porte la table le couloir la forêt la mer le château, le lit rempli d’organes ; la forêt de miel et de plomb entre Pasadena et Malibu Beach 7. Le héros et l’héroïne s’habillent mutuellement avec les uniformes lactescents de l’infirmier et de l’infirmière. Puis ils se tranchent les bras pour ne plus rien pouvoir. 8. J’ai rêvé d’une chambre – étrange – traversée dans le sens de la longueur ; à l’autre bout un peuplier, une fille qui se penche sur la trace de mes pas 9. Le grand silence n’existe pas ; le lac 10. Cette nuit-là la langue ne se refusa pas, décrivit une spirale dans le ciel. 11. Mène droit au paradis joue flanc fesse parsemé de rameaux fleuris le parfum de vase clos qui émane de ta peau zébrure enchanteresse 12. La croix du Sud merveilleuse Oyez Oyez Oyez comment commence comment commence le matin 13. D’idoines serpents renversent monts et glaciers vont à la source mâchant l’écume NEANMOINS BOUE DES COMETES NEANMOINS FEUX ET VENTS VENTS 14. Par la cicade une bulle éclate sur la table du jardin le pli secret de l’aine une lettre que personne ne lira par la cicade grand ouverte, par la porte du jardin. 15. Papier peint « dans le ventre du dragon » 16. Lorsqu’il s’assit… qu’il dérangea… et fit s’effondrer… 19. Hier j’ai regardé par la fenêtre l’hiver éternel la nuit sans fin observé les yeux innombrables de la ville écouté le torrent de cymbales, les poissons-phares dévaler les Champs-Élysées, l’orbe qui n’en finit plus. 20. Paysage d’art : Forêt obscure. Paradis. Vallée. Pyramides et sculpture monumentales. Soudain l’image s’anime pas plus réelle que ça sous le voile sous la lèvre la langue le foie le désert 21. La route le dimanche sous une pluie de lait le goût du plastique le noir du néon l’estomac de l’escalier où je suis tombé la foudre, l’accident. Le cheval sur l’autoroute, Adam et Eve errants. 22. LES GRANDES GLACES Ainsi donc les grandes glaces existent – la pourpre et l’indigo – grandes somptuaires du matin – Ainsi donc l’océan des noms se recueille maintenant ainsi donc l’amorphe splendeur : Écoute – ne dis rien * Le visage l’œil du visage le coquillage – le renard à l’orée J’ai mille mains fleurs d’amandier, si lumière venait à s’y briser |